Les microbiotes (composés de bactéries, levures et autres microbes) jouent un rôle crucial dans la fertilité, les complications pouvant survenir pendant la grossesse et la santé du futur enfant.
Comprendre leur rôle, leurs modifications liées à la grossesse, et savoir préparer le microbiote avant l'accouchement peut entraîner des répercussions positives sur la santé de la mère et de l'enfant à naître.
Cet article décrit l’impact des microbiotes sur la fertilité (ici féminine) et la grossesse. Il donne quelques clés pour préserver un microbiote en santé et le préparer à l’accouchement pour optimiser la santé du futur enfant. Il présente également certains compléments alimentaires utiles selon les profils.
L'impact des microbiomes sur la fertilité féminine
On le sait : notre microbiote, ou plutôt nos microbiotes, jouent un rôle crucial dans notre santé.
Le microbiote vaginal affecte la fertilité et « l’efficacité » les traitements de procréation médicalement assistée (Vitale et al., 2021). Un microbiote vaginal dominé par les Lactobacillus semble être déterminant pour la fertilité (Vitale et al., 2021).
Inversement, la présence de pathogènes dans le tractus génital, tels que Chlamydia trachomatis, Gardnerella vaginalis affecte, négativement cette fois-ci, la fertilité. Une dysbiose vaginale, dont la vaginose bactérienne peut entraîner des fausses couches spontanées (Bohbot, 2023).
Le microbiote intestinal influence lui aussi la fertilité. Une dysbiose (déséquilibre du microbiote) avec notamment une présence trop importante de certaines bactéries et un manque d’autres, peut-être une cause d’hypofertilité (Turjeman et al., 2021).
De plus, le microbiote intestinal peut influencer le développement du syndrome des ovaires polykystiques (SOPK) et une résistance à l’insuline, affectant ainsi le métabolisme et la fertilité (Turjeman et al., 2021).
Une dysbiose du microbiote buccal peut lui aussi être une cause d’hypofertilité (Marcickiewicz et al., 2025)
Aussi, l’investigation des microbiotes (vaginal et intestinal) peut être un outil visant à améliorer la fertilité (Elnashar, 2021). Assurer une bonne hygiène buccale est également primordial.
L'impact de la grossesse sur les microbiotes
Microbiote intestinal
Pendant la grossesse, des ajustements hormonaux et immunitaires affectent directement le microbiote intestinal.
Le microbiote intestinal va jouer plusieurs rôles dans la grossesse et contribuer (Turjeman et al., 2021) :
- Au maintien d’une grossesse santé
- Au développement du fœtus
- A l’acquisition des premières bactéries par le bébé
L’augmentation importante de la progestérone pendant la grossesse va induire une augmentation des Bifidobactéries. Cette augmentation semblerait être bénéfique au futur bébé. En effet, ces bactéries sont importantes dans la dégradation des oligosaccharides (sucres) sur lait humain (Turjeman et al., 2021). Ainsi, le bébé pourra plus facilement digérer le lait de sa maman !
De manière un peu inattendue, on observe en fin de grossesse une augmentation de pathogènes opportunistes (pathogènes faisant naturellement partie de notre microbiote mais qui sont gardés sous contrôle par les autres bactéries pour éviter qu’ils ne deviennent pathologiques). Les chercheurs pensent que cela sert à éduquer le système immunitaire de l’enfant. Par exemple, une augmentation de Prevotella, un genre bactérien pas très sympa, semble prévenir le risque d’allergie chez l’enfant (Vuillermin et al., 2020).
La dysbiose (déséquilibre du microbiote) chez la maman peut augmenter l'inflammation chez le bébé, affecter son développement immunitaire et cérébral (Moya-Alvarez & Sansonetti, 2022).
Les études montrent également que l’obésité et la présence d’une maladie inflammatoire chronique des intestins (MICI) sont associées au diabète gestationnel et à des pathologies pouvant survenir pendant la grossesse telle que la prééclampsie (Turjeman et al., 2021). Ces pathologies pouvant à leur tour influencer le microbiote de l’enfant.
Microbiote vaginal
Au niveau du microbiote vaginal, l'augmentation des œstrogènes va favoriser la croissance de certaines bactéries bénéfiques, comme Lactobacillus. Ces bactéries produisent de l’acide lactique, qui aide à maintenir un environnement vaginal à pH acide, propice à la prévention des infections et de la prolifération de bactéries pathogènes (Amabebe & Anumba, 2018).
Cette modification du microbiote vaginal a des implications pour la santé de la mère et l'accouchement. En effet, un microbiote vaginal sain est associé à un accouchement moins risqué, avec moins de complications, comme les infections.
A l’inverse, une dysbiose vaginale, dont la vaginose bactérienne peut entraîner des fausses couches spontanées, une prématurité ainsi que des infections pré- et néonatales (Bohbot, 2023).
Microbiote buccal
Le microbiote buccal peut également impacter la grossesse. Le microbiote buccal contient la deuxième population microbienne la plus complexe du corps humain, avec plus de 700 organismes bactériens (Saadaoui et al., 2021).
La quantité de microbes dans la bouche semble augmenter pendant la grossesse, notamment lors du 1er trimestre mais reste stable au cours de la grossesse (Jang et al., 2021; Saadaoui et al., 2021).
Un microbiome buccal en eubiose (à l’équilibre) est essentiel pour une grossesse saine. En effet, des perturbations dans la composition du microbiome oral peuvent contribuer aux complications de la grossesse (Saadaoui et al., 2021).
Pour ne rien arranger, les changements physiologiques et hormonaux pendant la grossesse augmentent la susceptibilité à diverses maladies bucco-dentaires telles que la gingivite et la parodontite (Saadaoui et al., 2021). Les vomissements répétés ou les reflux aggravent le risque de pathologies buccales. Les infections parodontales chroniques peuvent provoquer des réponses inflammatoires et pourraient induire une naissance prématurée et/ou un faible poids de naissance et augmenter le risque de prééclampsie et de fausses-couches (Saadaoui et al., 2021). La gingivite est le trouble le plus fréquent, affectant jusqu’à 70% des femmes enceintes (Dommisch et al., 2015).
Le microbiote buccal est également influencé par certaines pathologies comme le diabète gestationnel (Jang et al., 2021). Or, le diabète gestationnel peut altérer le microbiote de la femme enceinte et de l’enfant (Wang et al., 2018). Il faut donc prévenir cette condition afin de diminuer le risque de dysbiose et de porter une attention particulière à l’hygiène buccale des femmes atteintes de diabète gestationnel.
A l’inverse, une santé bucco-dentaire optimale chez la femme enceinte peut réduire la transmission des bactéries cariogènes (responsables de caries) à son fœtus et diminuer le risque futur de caries chez l'enfant (Saadaoui et al., 2021).
Aussi, il est important en désir de grossesse d’aller chez le dentiste pour réaliser les soins nécessaires avant de tomber enceinte et de conserver une bonne hygiène dentaire tout le long de la grossesse (limiter les produits sucrés, se laver les dents 2 fois/j et utiliser du film dentaire. Les bains de bouche à l’huile de coco peuvent aussi être effectués de façon ponctuelle.
from (Elkafas et al., 2022)
En résumé
Des affections telles que la vaginose bactérienne, les cancers du col de l’utérus et de l’endomètre, le syndrome des ovaires polykystiques (SOPK), l’endométriose, l’endométrite, les fibromes utérins et les infections bactériennes affectent négativement la santé reproductive des femmes (Elkafas et al., 2022). Les microbiotes jouent un rôle essentiel dans la prévention de ces pathologies (Elkafas et al., 2022). Aussi, agir sur les microbiotes via l’alimentation, l’hygiène de vie et la nutraceutique permet d’optimiser la fertilité.
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Article praticien23 juil. 2025 10:10:11